Certains morceaux que je n’ai pas mis sur le disque portaient les noms de certains chapitres du livre ou y faisaient ouvertement référence.
J’avais commencé à travailler sur un morceau ou était lu une partie du chapitre « Le Défilé de La Hache », qui évoque le blocage des mercenaires par les forces militaire de Carthage, les mercenaires finissant par se manger entre eux. Bon, c’était clairement pas la super ambiance mais je garde l’idée pour plus tard…
Pour le morceau A Romance In Qartaj je me suis beaucoup inspiré des chapitres « Le Serpent » et « Sous La Tente », qui décrivent le moment où Salammbô et Matho s’éprennent l’un de l’autre. J’ai accordé ma guitare avec un accordage Ostrich – c’est l’accordage de Venus In Furs du Velvet Underground, qui consiste à avoir toutes les cordes sur la même note. Cela crée une sorte de drône naturel. J’ai mélangé cet accordage avec un sample de vielle à roue en Ré, pour donner un coté primaire et direct à la musique. Les voix sont susurrées et doublées avec des tons graves et aigus. J’ai choisi d’accompagner le tout avec une rythmique martiale et volontairement à contre-temps. Cela donne un sound design assez paradoxal entre douceur et violence, guerre et amour.
Aussi, toute la Face B du disque avec Gibraltar, Leaving Arabia et La Violence porte encore la trace de cette influence majeure du disque.
Extrait du livre : « Sous La Tente »
Il était à genoux, par terre, devant elle ; et il lui entourait la taille de ses deux bras, la tête en arrière, les mains errantes ; les disques d’or suspendus à ses oreilles luisaient sur son cou bronzé ; de grosses larmes roulaient dans ses yeux pareils à des globes d’argent ; il soupirait d’une façon caressante, et murmurait de vagues paroles, plus légères qu’une brise et suaves comme un baiser.
Salammbô était envahie par une mollesse où elle perdait toute conscience d’elle-même. Quelque chose à la fois d’intime et de supérieur, un ordre des Dieux la forçait à s’y abandonner ; des nuages la soulevaient, et, en défaillant, elle se renversa sur le lit dans les poils du lion. Mâtho lui saisit les talons, la chaînette d’or éclata, et les deux bouts, en s’envolant, frappèrent la toile comme deux vipères rebondissantes. Le zaïmph tomba, l’enveloppait ; elle aperçut la figure de Mâtho se courbant sur sa poitrine.
— Moloch, tu me brûles !
Et les baisers du soldat, plus dévorateurs que des flammes, la parcouraient ; elle était comme enlevée dans un ouragan, prise dans la force du soleil.
Il baisa tous les doigts de ses mains, ses bras, ses pieds, et d’un bout à l’autre les longues tresses de ses cheveux.